mercredi 26 mars 2008

Foucault -- Histoire de la folie à l'âge classique

Thèse de doctorat et premier ouvrage important de Michel Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique (titre original : Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge classique), écrit en Suède, est publié en 1961. Foucault y étudie les développements de l'idée de folie à travers l'Histoire.

Première partie

Chapitre I - Stultiferas navis
Chapitre II - Le grand renfermement
Chapitre III - Le monde correctionnaire
Chapitre IV - Expériences de la folie
Chapitre V - Les insensés

Deuxième partie

Introduction
Chapitre I - Le fou au jardin des espèces
Chapitre II - La transcendance du délire
Chapitre III - Figures de la folie
Chapitre IV - Médecins et malades

Troisième partie

Introduction
Chapitre I - La grande peur
Chapitre II - Le nouveau partage
Chapitre III - Du bon usage de la liberté
Chapitre IV - Naissance de l'asile
Chapitre V - Le cercle anthropologique

Idées principales

Une exclusion en remplace une autre

Foucault commence par une analyse au Moyen Âge, notant notamment comment les lépreux furent parqués hors de la société des vivants. Il y eu, peut-être jusqu'à 19000 léproseries, cette précision se basant sur Matthieu Paris, au moins 2000 vers 1266 . Cette question amène en effet à se demander que deviendront les léproseries, une fois la lèpre disparue : « (...) ces structures resteront. Dans les mêmes lieux souvent les jeux de l'exclusion se retrouveront, étrangement semblables deux ou trois siècles plus tard ».

À partir de là il trace une histoire de l'idée de maladie mentale au XVe siècle, et de l'intérêt accru pour l'emprisonnement au XVIIe siècle en France. Un repère est donné : c'est la fondation par un décret , en 1656, d'un hôpital général, qui servira de lieu d'internement pour des fous, mais aussi des pauvres, des criminels. Le lieu sera à la fois vecteur de répression et de charité. Toutes ces "confusions" posent donc question.

L'internement des fous, hérétiques, criminels et libertins

Bientôt cependant (Première partie, chapitre III) des précisions sont données. Il y eut bien des lieux réservés aux seuls fous : l'Hôtel-Dieu accueillera seulement des aliénés, Bétlhéem à Londres n'accueillera que des lunatiques, bien que par ailleurs les "fous", les furieux soient mélangés, confondus avec d'autres internés, jusqu'en prison [1].

Il s'agit alors de questionner la différence entre ces deux lieux. Quand, seuls des fous sont internés, il s'agit bien d'une volonté médicale, ce qui n'est pas le cas ailleurs. De plus, Foucault suggère que la confusion que nous percevons dans l'internement est une vision qui n'est pas "juste", puisqu'elle porte sur l'âge classique un regard actuel, et qu'il s'agit donc bien plus de comprendre, non une erreur de l'âge classique, mais bien une expérience homogène de l'exclusion, des signes positifs, une conscience positive.

Allant plus loin, Foucault remarque que les asiles réservés aux fous ne sont pas nouveaux à l'âge classique. La nouveauté qu'apporte cette période, ce sont bien les lieux qui mélangent fous et autres, charité et répression. En effet, Foucault précise l'existence d'hôpitaux réservés aux fous : à Fez au VIIe siècle, à Bagdad au XIIe siècle, puis au Caire au siècle suivant..

Maladie de l'âme

Enfin, la folie aurait été reconnue comme une maladie de l'âme même, puis avec Freud, comme une maladie mentale.

Foucault accorde une grande attention à la façon dont le statut de fou passa de celui d'un être occupant une place acceptée, sinon reconnue, dans l'ordre social, à celui d'un exclu, enfermé et confiné entre quatre murs.

Foucault étudie les différentes manières et tentatives de traitement des fous, et plus particulièrement les travaux de Philippe Pinel et Samuel Tuke. Foucault présente clairement les traitements appliqués par ces deux hommes comme non moins autoritaires que ceux de leurs prédécesseurs. Ainsi l'asile et les méthodes de Tuke n'auraient principalement consistées qu'en la punition des individus reconnus comme fous jusqu'à ce qu'ils apprennent à agir normalement, les forçant effectivement à se comporter à la manière d'êtres parfaitement soumis et conformes aux règles admises. De façon similaire, le traitement des fous par Pinel semble n'avoir été qu'une version étendue de la thérapie par l'aversion, y incluant des traitements tels que la douche glacée et l'utilisation des camisoles de force. Pour Foucault, ce type de traitements ne revient qu'à brutaliser le patient à répétition jusqu'à ce que celui-ci intègre la structure du jugement et de la punition.

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Madness and Civilization: A History of Insanity in the Age of Reason, by Michel Foucault, is an examination of the ideas, practices, institutions, art and literature relating to madness in Western history. It is the abridged English edition of Histoire de la folie à l'âge classique, originally published in 1961 under the title Folie et déraison. Histoire de la folie à l'âge classique. A full translation titled The History of Madness was published by Routledge in June 2006.[1] This was Foucault's first major book, written while he was the Director of the Maison de France in Sweden.

Foucault begins his history in the Middle Ages, noting the social and physical exclusion of lepers. He argues that with the gradual disappearance of leprosy, madness came to occupy this excluded position. The ship of fools in the 15th century is a literary version of one such exclusionary practice, the practice of sending mad people away in ships. However, during the Renaissance, madness was regarded as an all-abundant phenomenon because humans could not come close to the Reason of God. As Cervantes' Don Quixote, all humans are weak to desires and dissimulation. Therefore, the insane, understood as those who had come too close to God's Reason, were accepted in the middle of society. It is not before the 17th century, in a movement which Foucault famously describes as the Great Confinement, that "unreasonable" members of the population systematically were locked away and institutionalised. In the 18th century, madness came to be seen as the obverse of Reason, that is, as having lost what made them human and become animal-like and therefore treated as such. It is not before 19th century that madness was regarded as a mental illness that should be cured, e.g. Philippe Pinel, Freud. Others authors later argued that the large increase in confinement did not happen in 17th but in the 19th century[2], somewhat undermining Foucault's argument.

Foucault also argues that madness during the Renaissance had the power to signify the limits of social order and to point to a deeper truth. This was silenced by the Reason of the Enlightenment. He also examines the rise of modern scientific and "humanitarian" treatments of the insane, notably at the hands of Philippe Pinel and Samuel Tuke. He claims that these modern treatments were in fact no less controlling than previous methods. Tuke's country retreat for the mad consisted of punishing them until they gave up their commitment to madness. Similarly, Pinel's treatment of the mad amounted to an extended aversion therapy, including such treatments as freezing showers and the use of straitjackets. In Foucault's view, this treatment amounted to repeated brutality until the pattern of judgment and punishment was internalized by the patient.

Impact

Although Madness and Civilization has widely been read as a criticism of psychiatry, and often quoted in the anti-psychiatric movement, Foucault himself criticized, especially in retrospective, the "Romanticism of Madness", which tended to see madness as a form of genius which modern medicine represses. He did not contest the reality of psychiatric disorders, as some of his readers have concluded. Rather, he explored how "madness" could be constituted as an object of knowledge on the one hand, and, on the other hand, as the target of intervention for a specific type of power: the disciplinary institution of the asylum [3].